D O S S I E R S . D E . L A . M A G I E . D U . M O N D E . : . N.4

..... L A V O N S . N O S . P É C H É S .
........ LAVOIR DU IV.

 

_______________________________________


A Paris, au fond d'une rue étroite du Marais, derrière B.H.V., prenez la rue du Plâtre. Devant un bar gay nommé "Le Détour", vous trouverez un lavoir. Le lavoir du IVème. Ne me demandez pas pourquoi ce lavoir en particulier. Je suis comme on dirait "tombé amoureux", je ne vais plus à Paris voir la tour Eiffel, je vais au lavoir du IVème.

....

Je me baladais là bas, flânant entre ces beaux hommes et ces boutiques chics à la mode. Je décide de me prendre à l'aventure et de tourner au hasard, ce sera la rue du Plâtre. Au 15 de la rue, je me heurte à cette lumière. Stoppé net, je me sens comme pris par une force agréable qui me tire dans ce lavoir. Je passe la porte, des néons jaunes m'éclaboussent de cette lumière captivante, ces hublots me regardent et me révélant tout à coup des estomacs encore jamais explorés par mon attention. Non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas de ces espèces de poètes qui s'extasient sur un peu tout et n'importe quoi (genre fleurs pourries, cadavres ou animaux domestiques).

 

............

Une fois entré dans l'endroit, une foule de chiffre m'harcèle. 6 > 10 Kg - 5>10>15>20 Minutes - Machine 30>31>32>33- Lavoir IV -6>1 € 20>30>40 degrés - 7hoo à 21hoo - des numéros de téléphone, appelez le 06 machin truc etc. Une vieille dame est peut être rentière de l'endroit, elle a chopé le filon : Vu le prix du mètre carré dans le secteur, les parisiens du quartier ne peuvent peut être pas tous sacrifier un précieux mètre carré pour une machine à laver. Alors, ici se rassemblent des machines à laver le linge. Les habitants viennent ici avec leur linge et le nettoient en attendant dans l'indifférence générale de la ville. L'endroit sobre au milieu du bourdonnement du quartier nous protège, l'endroit est calme, on est là pour attendre... et notre reflet dans le hublot de la machine à laver qui nous regarde.

.....

Mais, pris soudain par une force intérieure (ou extérieure) voilà que mon corps se soulève. Rien en dessous, mes pieds ne touchent plus le sol. L'idée me traverse l'esprit, ces hublots qui me regardent : c'est peut être Dieu avec ses yeux qui me lorgne. Nan, faut pas rire, l'idée meurt instantanément. On aurait pu penser qu'il voulait me tester, voir à quel point une société pouvait me pourrir, me rendre salopard et avare. N'importe quoi, son hublot me foutrait le tournis, j'en vomirai comme je vomi de la société, cette société qui nous rend malade et qui se tape le luxe de nous castrer. La chose était beaucoup plus agréable, cette force ; c'était la force du cœur, la force humaine qui n'avait rien de centrifuge. "Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues, soient aussi imperturbables que les feux d'arrêt ou de voie libre. Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. Et pourtant..."


............

 

ET POURTANT ...