D O S S I E R S . D E . L A . M A G I E . D U . M O N D E . : . N.5

..... L A . C O R R E Z E . : Ç A. V O U S . B E S S E.

.L A . B E S S E.

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Au dessus d'une ville qui s'appelle Saint-Julien-Aux-Bois, sur de grands plateaux proches de la limitation départementale avec le Cantal, peut être un des endroits les plus hauts en Corrèze, je passe en voiture avec ma tante pour chercher du fromage chez le producteur. Nous y achèterons du Cantal, du Saint Nectaire et de la Tome de Vache. Nous passons dans un petit lieu dit nommé "La Besse".


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Il y a là, beaucoup d'arbres, beaucoup de champs, quelques maisons en pierre sans doute assez vieilles. Au détour d'un virage, j'ai le temps de prendre un vieil homme en photo. En quelques secondes, une fois la photo prise, je souris au vieux monsieur et lui fait un petit coucou, il sourit aussi et me renvoie le signe. J'aurais bien envie d'y retourner, de lui dire bonjour pour lui parler un peu. J'avais le sentiment d'être plongé dans une autre époque, un siècle plus tôt. Ça me faisait penser à Raymond Depardon lorsqu'il faisait ses "profils paysans". Je trouvais là une terre encore vierge. Un lieu qui restait dans sa modernité, je trouvais l'endroit authentique et protégé de notre monde (monde postmoderne, du téléphone portable et des pokemon). Je me sentais un peu voyeur, c'est ce qui se passe quand on fait du tourisme là où il n'y a rien à voir (circulez). Ce monde des vieux paysans m'était inaccessible et jamais je ne pourrai en faire partie.

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Derrière la vitre de la voiture, il y avait une utopie peut être, celle d'un monde que nous aurions perdu, le rêve de la nature, des choses simples, du contact avec la terre, l'autosuffisance alimentaire grâce à la culture et la l'élevage. Il y avait quelque chose de vrai qui se dégageait de cet endroit. Je trouvais que ce bonhomme qui restait debout seul dans ce virage à regarder la terre avait quelque chose de pittoresque. Et il avait déjà été peint > Armé d'un bâton de pèlerin, il restait à regarder dans le lointain (à ce propos > prochain article sur l'AnhalterBahnoff de Berlin), je lui trouvais un air familier au "Voyageur contemplant une mer de nuages" de Caspar David Friedrich. Quelle drôle d'idée de trouver l'idée d'un romantique à La Besse. Pourtant il y avait bien des points communs à commencer par ce bâton et cette idée que la terre appartient à celui qui la regarde.

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Il n'y avait qu'un seul point sur lequel le vieux ne pouvait pas être compatible : C'était sur le fait que par rapport à ce tableau, le vieux n'était pas un voyageur, il appartenait bien à ce monde contrairement au Voyageur de Friedich qui se sent comme au dehors du monde, comme s'il était hors jeu. Sans oublier la différence d'âge entre les deux hommes, peut être si le voyageur de Friedrich avait eu à vivre, il aurait peut être finit par échouer ici en transportant avec lui sa modernité et l'installant dans la nature loin de la ville qui le contaminait tant... (et bien pas si sûr !)

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Caspar David FRIEDRICH "Voyageur contemplant une mer de nuages" (ou L’homme contemplant une mer de nuages)
1817-1818/ huile sur toile / 95 × 75 cm /Kunsthalle de Hambourg

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