Avant propos :

Je tiens à me déculpabiliser de la formulation sans doute trop pathétique de l'épisode 4 des nouvelles de Loïc qui est, à mon goût, trop portée sur le sexe. En tant que rédacteur, je vous fais mes excuses, et signale que cet article, de forme inhabituelle était une demande de David, mon cher collègue. En effet, je trouvais interessant d'intégrer à la réalité du travail, ce dont à quoi rêvent/pensent les travailleurs sur leur lieu de travail qui est aussi un lieu de vie.

(Dernière) Des nouvelles de Loïc 5 :

BUREAUX VIDES !!!

-Il pleut-

Évidement, il fallait s'y attendre ; après autant d'événements, il apparaît tout a fait clair que la direction des ressources humaines, une fois mise au courant de la situation préoccupante aux flux financiers -renommé unité encaissements et payements- au premier étage de cette boîte, n'ont pas eu d'autres choix que de me quitter. Enfin... de me congédier. Il faut ajouter à cela, le fait que ce site, ce site internet, a été mis au grand jour et que les "nouvelles de Loïc" ont eu un impact non négligeable dans la vie de la société. En effet, le fait qu'un ESPION parlait de la vie de l'entreprise et plus particulièrement de ses collègues était extrêmement dérangeant.
_Ce petit ne cesse de poser des problèmes, 'faut vite le calmer... sinon on est foutu à cause de ce p'tit merdeux. Déclara le supérieur du supérieur de mon supérieur.

Très rapidement, mon contrat venait à échéance, et ils avaient eu l'ingénieuse idée, afin que je ne nuise plus, de me donner une tonne de boulot. Les deux dernières semaines furent très éprouvantes. Mais l'essentiel, pour eux, étant que je sois totalement occupé et n'ayant ni une seconde pour regarder ce qu'il se passait dans le service, ni d'énergie pour rédiger ce texte. Je ne peux vous dire ce qu'il a pu se passer durant les deux dernières semaines. Apparemment, le service semblait plus calme, et la photocopieuse réparée.

Bernard ne parlait plus de son "pétage de câble" et avait commencé la lecture de Germinal, , Virginie (la syndiquée) eut été étonnée de voir Bernard lire Germinal, elle l'invitera plus tard au restaurant. Yvette se fit plus discrète dans ses distributions de plaisir. Anne-Marie (avec son nouveau visage) n'est plus revenue travailler, il parait qu'elle s'est lancée dans le mannequinat. Lucette et Jean-Pierre ont acheté secrètement une cabane sur la cote d'opale au bord de la plage (un vieux rêve). Quant à David, il continue de travailler normalement (entre deux pauses "détentes" avec Yvette), il est en passe d'avoir une promotion.

Le Vendredi 31 Août à 17h33, j'étais congédié, je dûs rendre mon badge et les clefs, tel un flic qui rend sa plaque. Connaissant ma sulfureuse réputation la bonne femme de la "R.H." me dit :
_ En vous souhaitant beaucoup beaucoup de chance pour votre avenir... Par contre, un conseil. Tâchez de ne pas jouer les "Amélie Nothomb" à l'avenir. On sait comment elles finissent... Vous connaissez Amélie Nothomb ?
Amélie Nothomb est devenue en l'espace de seulement quatre ans une star de la littérature, tout le monde ne parle que d'elle, alors que personnellement, cette Amélie Nothomb ne m'impressionnait pas. Bon, bien écrit, bonne histoire, sans plus. Disons qu'Amélie Nothomb (et je vais être bigrement méchant) est, selon moi, une de ces femmes qui ont su faire leur place dans la littérature car elle propose des romans bateaux, et parce que la mode est au trash. Amélie Nothomb a eu au moins la présence d'esprit de ne pas basculer dans le virginiedespentisme. Mais cette pauvre Amélie est aujourd'hui obligée d'écrire du Amélie Nothomb pour vendre ses livres. Ce qui est dommage avec Nothomb c'est qu'au final on a des historiettes et rien d'autre, pas de petites critiques, ni de concours de beauté (...). Pour finir en beauté, voyant que cette "R.H." me prenait pour un imbécile, je lui rétorquais :
_ Non je ne connais pas, je ne connais pas Stupeurs et Tremblement... Je ne raisonne que par le travail vous savez bien. Et vous, vous connaissez le principe de Peter ? ............................-merci vero-


En réalité, il y a une lutte qui va vraiment au delà de celle des individus. De la hiérarchisation etc... La lutte qui faisait rage dans cette boîte comme toutes les autres boîtes dont le but est de faire du profit, était une lutte qui confrontait deux visions radicalement différentes du travail :
La stabilité demandée par le travail afin d'assurer les profits contre l'instabilité naturelle de l'homme.

Ces événements au sein de notre entreprise nuisent à cette stabilité. On veut faire en sorte que nos vies soient réglées de manière à ce que le risque approche (voire égalise) zéro. On réduit au maximum les possibilités de rencontres, d'accidents... Le rêve de l'homme moderne... Soyons exacts, le rêve de la modernité/de notre civilisation est de concrétiser une société prospère grâce à l'ultra-méga-super-sécurité et sans aucune histoire.
Soyons robots, après tout !

Je me retrouvais en vacances, je venais de franchir la porte de sortie. Soudain, plus de raison de courir à gauche ou à droite, je ne suis plus un homme pressé, plus de petite entreprise. Mon dernier jour dans ce monde (du travail) enchanté... Plus de raison de porter ma cravate, tout cesse et -Il pleut-.

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