Vendredi 23 Mars :

J'écris ce que je veux :


> LOIC -LE BG-


Il arrivait comme tout les matins au bahut. Les filles se retournaient doucement, montraient un visage des plus classiques, pas plus différents que les autres têtes de connes, puis une fois qu'elles étaient sorties du champ de vision de ce type, elles se mettaient soudainement à glousser comme de vieilles dindes, glou-glou ou bien gli-gli ou encore humm. L'adolescence... Oh il est trop beau, dit Sabrina qui était sans doute la plus active du groupe, celle qui menait les conversations et qui avait toujours une bonne parole pour ses camarades, ... On dirait trop Brad Pitt ! soupira-t-elle de plaisir. Et les autres filles firent de même. Elles parlaient sans cesse de lui, à chaque recréation, dès qu'il était à moins de quinze mètres, les hormones faisaient effet, si bien qu'à un ou deux mètres de ce garçon, c'était fini, elles devenaient toutes rouges et pleines de sueur, ce qui éliminait toute tentative physique de contact, d'accostage... Seules quelques "chaudasses" et autres filles dévergondées s'osaient à lui parler. "hé petit blondinet, hum, tu veux une cigarette ?" Il est vrai que les cigarettes constituent le principal moyen de drague chez les jeunes...

C'est vrai qu'il était très beau ce jeune homme, un "beau gosse blond" (j'ai envie d'être blond : j'écris ce que je veux) qui partageait des trais communs avec Brad Pitt, sex-symbole dans le monde entier. Le petit Loïc lui était la star de son bahut sans le savoir, il avait en effet de grosses difficultés sociales. En plus de faire transpirer toutes les filles, il était très timide, et aussi chose très handicapante, il avait des principes qui le marginalisaient car il correspondait au statut de "petit coincé". Il est certes vrai que ce Loïc était conscient de sa beauté : il se pliait alors à l'image que le "beau gosse" devait véhiculer. Il entrait dans ce stéréotype presque inconsciemment, c'est à dire qu'il entrait très bien dans ce moule, il semblait fait pour celà, car sa nature le menait à être très introverti. Dans sa vie, il s'était limité à ce qu'on lui avait demandé, à ce qu'on lui avait fixé, il avait été élevé de cette façon. Son père surtout, d'un air très fièr exhibait volontiers son Loïc au défilé de la Pentecôte, il affichait un rictus ringard et son regard amenait celui des autres sur son fils : SA création ; le fils modèle ! Et le "BG" pendant ce temps devait faire acte de présence, il devait être poli et on s'en tenait à ça. Ses résultats à l'école étaient normaux, il n'avait aucun effort de cet ordre à fournir car il faisait déjà la fierté de ses parents.

Il était aujourd'hui plus que jamais, à cette période de la vie où la drague doit faire ses preuves, coincé dans le rôle qu'il devait tenir. Il avait presque une fonction : Bonjour je me présente je suis Brad Pitt et je suis beau gosse. Tout le reste devenait inintéressant, sa personnalité devait se conformer à cette icône, et il devait rester figé, il n'avait pas le droit de s'éloigner de la ligne de conduite du parfait beau gosse car cela nuirait à son image de marque qui était sa seule source de fierté, ce par quoi il existait. Il avait une pression quasi-permanente et le contrôle continu de sa personnalité le rongeait de l'intérieur, si bien que son identité finissait totalement par disparaître, il devenait une espèce de statue avec ses privations : Le beau gosse ne doit pas sortir des feintes ou bien il ne doit pas avoir une bande de gros nuls comme copains. Il est sans cesse soumis au regard de l'autre.

Il était bien tombé amoureux quelques fois, mais il ne disait rien ou bien cela se terminait au bout d'une semaine. Les gens tournaient autour de lui, et Loïc restait seul au milieu de ces filles orbitales. Les filles qu'il avait connu étaient sans cesse défaites qui (inter)minablement se succédaient, elles ne correspondaient jamais à l'idée qu'il se faisait d'elles. Les premières copines qu'il avait eu étaient presque ses esclaves, puis ce fut le tour des dures-à-cuires qui pensaient être différentes en avançant cet aspect là de leur personnalité. Puis ce fut le tour des filles plus ou moins normales, certaines voulaient absolument s'envoyer en l'air le beau gosse du bahut, et d'autres voulaient simplement se la péter, bien que la fille du haut de ses talons et de sa surcouche de maquillage le dépassait de dix centimètres et finissait par le jeter car de peur d'être jetée la première, pour ne pas perdre la face. Les "belles gosses" se refusaient à lui car il pouvait renverser la domination dans le couple. Les "belles gosses" recherchent plutôt des garçons musclés et qui ont de l'argent. Ce qui n'était pas le cas de Brad Loïc Pitt qui n'était que très beau blond très mignon.

La vie sentimentale de Loïc était clairement un échec, les filles avec lesquels il partageait son amour, n'étaient que des fans qui au bout de quinze jours faisaient tomber le masque. Ces filles se sentaient obligées, par manque de confiance en elles devant la beauté et l'illusion maintenue par son silence qui renforçait la notion d'homme idéal, de déguiser leurs sentiments, leurs émotions afin de paraître elles aussi irréprochables. Mais les masques, lorsqu'on croit l'amour dans la poche, tombent, et la personnalité ressort, Loïc lui restait impassible et gardait le contrôle, il tentait de temps en temps quelques approches timides, mais elles ne nuisaient en rien à son charme. La fille, elle, prenait tout à coup un air ridicule et pathétique devant ce blond qui n'avait pas d'autre choix que de rompre avec elle car la relation devenait tout simplement impossible.

(et bien sur : il se passe quelque chose)

Un jour, s'étant très mal réveillé, vraiment de très mauvaise humeur, vers quatre heures du matin environ, soit trois heures avant le début de son cours de mathématiques. Il déjeuna et puis il resta quelques instant à la fenêtre. Il pouvait voir au dessus des toits de toutes les maisons du quartier, sa chambre était dans les combles. Il prit alors des photos de son visage. Puis il fouilla dans les affaires de son père, qui collectionnait des fusils et autres armements car le safari était une de ses passions, et il sortit une machette et un fouet d'un vieux carton très poussiéreux. L'idée commençait à prendre forme dans sa tête. Il se lava et s'en alla à l'école. Arrivé en cours de mathématiques... Il péta les plombs.

Il pris la machette et coupa en morceau les chevelures des filles de sa classe, le professeur (un de ces "culs-coincés d'assistés de fonctionnaires bougeant plus leur postérieur pour manifester que pour travailler moins de vingt heures par semaine) n'osa pas immobiliser Loïc qui était encore plus fâché que Maximus dans Gladiator. Il déchiqueta la chemise jaune de son prof à coup de machette et dévoila un gros réservoir à bière insoupçonné. Le tout sous des cris, des hurlements devrais-je dire : Vous allez crever bandes de salopes !!! Vous allez voir, vous allez vous en prendre plein la gueule ! Le bal est terminé ! Et là par inadvertance il coupa le bras d'un de ses potes, il pissa le sang et tout le monde était maculé de liquide rouge. L'élève sans le bras cria tellement fort que Sabrina qui était elle aussi dans la classe de Loïc, se précipita contre Loïc qui n'eut pas la capacité de se servir de son fouet pour la tenir à distance. Le cuir était trop vieux et plus du tout rigide. Sabrina qui déteste le bruit sauta sur Loïc et lui fout un gros coup de boule. Le nez de Loïc éclata et il tomba aussitôt dans le coma.

La police neutralisa Loïc qui était immobile et lui passa la camisole. Le visage de Loïc fortement abîmé dû subir des opérations chirurgicales importantes. On l'internat dans un hôpital psychiatrique d'où il sortit cinq ans plus tard parfaitement normal, avec un visage banal et une vie nouvelle. Il n'aurait plus à supporter le poids de sa beauté.


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