C.A.R.n.A.G.E

"Tout ce qui arrive est préférable à ce qui aurait pu arriver."
Voici la phrase finale, comme dernière note qui ne se veut pas négative, comme aussi, un retour au contentement qui m'habite(ra). Baudelaire s'installe dans mon lit et je dors par terre. Lui dort paisiblement, quant à moi mon esprit rebondit un peu partout dans mon corps et même au delà. Il s'en va là bas, revient ici, joue au boomerang. Mais il arrive parfois que, emporté par la folie passagère le boomerang se cogne contre le vide. On entend cette petite cloche qui résonne, comme si on faisait tomber une casserole depuis le huitième étage. Le bruit me revient, sonne mon glas, et va mourir plus loin. Baudelaire dort toujours. Pense à la frégate des beaux jours, ou à des jeux amoureux masochistes. La décadence, mais aussi la déchéance, terrible déchéance d'un ange qui croyait voler. Et qui se retrouve brusquement par terre. La déchéance aussi, comme Mozart, le grand Mozart qui n'a même pas le temps de finir sa prière et qui est obligé d'être fauché à la huitième mesure. Mozart avorté.

Pourtant ce Mozart, Amadeus Wolfgang, il vit encore. Il est entré dans la légende à sa mort, huitième mesure. Son esprit est toujours là, dans ses notes ici, quelque part. On entend son souffle dans la musique que nous respirons. Il s'introduit en nous,il va dans nos têtes et nous enivre d'un parfum inconnu. On oublie son visage, il reste cette petite brise. Comme tentative de contact. Mais rien à faire, cet amour qu'il nous a donné, on ne peut lui rendre. Amadeus, un virtuose comme on dit, tellement doué qu'il nous rendait complètement pathétique. Lui qui savait tout et même la façon la plus glorieuse de donner un Requiem. Mozart enfant du Baroque est enterré quelque part à Vienne, approximativement localisé mais jamais identifié. A qui s'en remettre alors ?

Mais tout avait commencé par un accident. Comme d'un coup une séparation entre la coordination corporelle et spirituel. Cette séparation du corps et de l'esprit, André Breton a tenté de la transformer en un point de réunion, c'est pour lui la passion, soit ce fameux amour fou. Cet amour est ce qui lui paraît alors être l'amour le plus sage, allant même jusqu'à terminer son roman par un conseil à sa fille : "je vous souhaite d'être follement aimée". Mais s'il savait qu'aujourd'hui, l'amour meurt. Il n'en reste que quelques lambeaux ici et là. Voilà c'est ça. Des lambeaux ici et là, des pièces usées par le temps qui ont perdu de leur sens, de l'ordre du souvenir. Vieilles peintures rocailleuses, poèmes décomposés, ossements divins douteux, pensées mortes ou statues maculées de fiantes d'oiseaux obèses (...) disséminés aux quatre coins du monde.

A qui s'en remettre alors ? Qui peut nous donner la force ? Qui peut nous donner une dignité ? Qui peut-on idolâtrer ou aimer ? Ou retrouver un esprit qui nous donne une condition ? Qui est fidèle et peut même donner magie à la vie ? Avec qui vivre tout le jour et la nuit ? Qui peut réaliser chaque jour un miracle ? Qui peut encore nous préserver ? Ma dévotion ne fait que grandir. Qu'il ait pitié de moi et qu'il veuille m'absoudre. C'est malheureusement un dilemme qui est beaucoup trop sérieux pour moi. Mais de grâce, qu'il arrive quelque chose. Ah... Peut-être s'en fou t-il ?

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