- Samedi 28 Mars -

"ILS M'ONT TUÉ"

> Site Europe 1 :

"Le corps de Philippe Widdershoven a été retrouvé mardi dans l'étang de la commune par trois pêcheurs. Mais dans la lettre qu’il a laissée pour expliquer son suicide, ce délégué syndical, âgé de 56 ans, pointe bien la responsabilité de son entreprise, l'usine de porcelaine Deshoulières SA à Chauvigny dans la Vienne. "Ils m'ont tué", écrit Philippe Widdershoven.

"Dans cette lettre laissée sur le bureau du local syndical de l'entreprise, le syndicaliste explique son geste par la pression professionnelle trop importante. L'usine de porcelaine Deshoulières SA avait licencié 84 personnes en décembre dans le cadre d'une restructuration. Philippe Widdershoven, qui avait travaillé pendant des mois sur ce dossier, se reprochait de ne pas avoir pu sauver plus d'emplois.

"Philippe Widdershoven demande aussi dans ce dernier courrier que son suicide soit considéré comme un accident du travail. Encore sous le choc, les autres représentants syndicaux de l’usine de porcelaine ont d’ores et déjà entamé des démarches en ce sens. "Nous sommes consternés. Philippe Widdershoven occupait un poste important dans l'entreprise. Toutes nos pensées vont vers sa famille, ses proches", a indiqué la direction."

Ça, c'était le 25 mars 2009*

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J'ai appris aussi qu'il y avait eu une fusillade le 11 mars à Stuttgart. Qu'un jeune mec a tué 15 personnes dans son ancien collège et qu'il s'est donné la mort juste après. On a découvert aussi, que la veille, il avait mis un message "sur internet" où il avait écrit ce qu'il projetait de faire. Le quotidien Métro pose la question en sondage "Faut-il renforcer la sécurité dans les lycées ?". Les réponses données se veulent représentatives des opinions : un oui et deux non (respectivement de Léa, 20 ans, étudiante > Jean-Christophe, 46 ans, cameraman > Golrize, 38 ans, médecin). Un reportage à télévision montre que le jeune homme jouait aux jeux vidéo. Comme d'habitude, il n'a aucun antécédent judiciaire et n'est pas connu pour être violent. Plus personne ne comprend pourquoi ce genre d'événement arrive et la seule solution, puisque plus personne n'est à l'abri de devenir fou, apparaît comme étant le recourt à la sécurisation des lycées.

Ce qui me trouble plus c'est que dans mon article du 25 février, j'ai fait un lien vers une vidéo de Daylimotion montrant un jeune allemand justement qui s'excitait un peu trop sur son ordinateur. Vidéo qui a sans doute fait le tour de beaucoup de site "d'humour" dans le genre abrutis.com. Et tout ces voyeurs se fendent la poire devant un mec qui perd le contrôle et qui devient fou. Les parents voient alors l'ordinateur et tout ces jeux vidéos comme dangereux, on invente un terme très juste qui s'appelle "no-life". Pas-vivant : Voilà dont il s'agit. Ce n'est pas la machine qui mange les hommes, ce sont les hommes qui vont droit dans la gueule de l'ordinateur car ce que ne veut pas le "no-life" justement, c'est vivre dans notre monde. L'ordinateur et ces jeux vidéos sont une alternative au monde réel, JE PRÉFÈRE LE VIRTUEL AU RÉEL. Qu'est ce qu'il a le réel au juste ? Pourquoi le quitte t-on pour un monde virtuel ?

Je crois que c'est parce que notre monde est inhospitalier. Il est trop dur, alors l'addiction au monde virtuel contre le monde réel avec la seule volonté de se défouler, de détruire le monde des vivants. Seulement cette machine nous bouffe aussi, elle nous transforme en atome (qui s'excite constamment) dont la seule mission est de réagir instinctivement, on nous réduit de plus en plus notre part de conscience. "Ils nous tuent" aussi. Pour ces gosses (qui ont eu la malchance de naître dans ce harcèlement permanent dont ils n'ont même pas la conscience) ; il n'y a qu'un pas à franchir entre la mort cérébrale et la mort réelle.

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On dirait qu'on aime ça. Aller jusqu'au maximum, repousser nos limites, voire un peu jusqu'où on peut dire (plus que sentir) que quelque chose est supportable. On dirait qu'on a besoin de ça pour se complaire dans nos lois. On dirait qu'il faut ça pour être convaincu d'un système qui nous tue tous. Un système qui cache sa part maudite qui fait de nous des machines dans les couloirs de la mort et ce même système qui nous chuchote à l'oreille qu'il est indispensable pour éviter ce genre de catastrophes qui croit-on viennent d'un lointain. Et après, des cons se permettent aussi de venir nous cracher dessus volontiers convaincus que nous disons des choses incohérentes, que nous voulons le désordre, la mort de tous, ceux là accrochés à leur porte monnaie et leur petit confort.

Notre monde fabriqué vit sans cesse dans sa rhétorique sur sa double face. C'est le monde lui même qui est incohérent, il vit sous le mode du paradoxisme permanent. Il vante notre bien-être et nous tue avec, et lorsque nous mourrons, la première conclusion qui vient à l'esprit est celui d'améliorer notre bien-être vanté.

Et nous ? Faudra-t-il nous tuer aussi ? faut-il que nous disparaissions jusqu'au dernier pour que l'harmonie d'un drôle de monde existe enfin sans ses tâches ? Peut être qu'un monde sans nous, débarrassé de notre humanité, ira beaucoup mieux. Comme si on avait voulu récréer une autre race, parfaite, sans ces petits défauts que sont les différences. Et plutôt que d'avoir le crime des hommes sur la conscience (parce que ça s'est déjà vu), il serait plus facile de les pousser au suicide.

* Quant à ce monsieur (Philippe Widdershoven) je n'ai toujours pas vu de photo de lui ni sur internet même en ayant très bien fouillé, ni à la télévision, ni dans les journaux.


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