Mercredi 01 Juillet : .
Transit Hôtel :
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Les ressacs de l'Amour...
_J'ai passé une nuit de fou. Les traces de vin rouge sur le bec. Je tente avec difficultés de me remémorer la nuit blanche que je viens d'essuyer. Je crois qu'en une nuit, presque instantanément, je suis tombé amoureux. Ce genre d'amour inaccessible car impossible. Au delà des théorèmes physiques qui régissent cette impossibilité, il y a peut être autre chose : une incompréhension. Je suis après la ligne de flottaison, le bateau est ivre mort. Il est sous les flots. Discrètement il vient. Non, il a peut être toujours été là, planqué en sous-marin. Il faut l'admettre une fois qu'on en a conscience on ne peut plus se mentir. Sinon je serai toute ma vie condamné à des "ça sert à rien de toute façon". Il y a une raison à mon alcoolisme c'est sûr. L'ivresse est une mort lente et joyeuse. Toujours plus drôle que d'autres. Un jour, peut être, si je n'ai plus la force, j'irai vers l'Est. Je viderai mon compte, tout en liquide. Et là, chemin à pied vers l'Est, pas vers la mer, j'irai jusqu'à l'épuisement. Je me remettrai alors au hasard. Un chemin vers la mort, je le dis, ou au contraire, un dernier espoir d'amour qui me fera rebondir. De jour en jour, j'ai de moins en moins à perdre. Si ça continue comme ça, à l'Est, finir épuisé dans un ravin, si possible qu'on ne me retrouve pas. Pas de tombe. Laisser le doute, une torture mais aussi une douceur, à ma façon, le résidu d'un espoir auquel se raccrocher. J'ai pété un plomb, j'ai peut être été trop loin. Et si après le sommeil ce texte est ridicule à mes yeux, je me prie de me pardonner moi même pour plus tard. Je m'excuse. Ici, qu'importe je suis le seul avec deux ou trois personnes à lire ce qui est écrit. Écrire ici ne sert à rien, si ça aide certains (et je n'y crois pas) tant mieux pour eux, ils peuvent faire sans moi, si aujourd'hui c'est moi demain ce sera un autre.
J'ai tellement honte. Je sais déjà que ce projet restera projet. C'est peut être ça le vrai désespoir, celui qui ne s'achève pas, qu'on reporte tout le temps aux prochaines calandres. Souvenons nous, la quatrième dimension, celle dont on m'a rappelé l'existence involontairement mais qui fait tout de même tilt, cette quatrième dimension n'est rien d'autre que la dimension quatre. Rien que des conneries. Tout ça c'est du bidon. Ce bidon qui est une bonbonne à laquelle on tient sans savoir pourquoi. Sans elle l'air n'est plus respirable. Vous respirez de l'eau sous-marine. Voilà, ce monde est imbuvable. Et je navigue entre les bouées à contre courant. Ça m'arrache la gueule à chaque fois. Rien n'est possible sans trop se tremper. L'enfer est déjà ici bas. Et vas-y je t'envoie la sauce, ça sert à ça aussi, je te dégueule dessus. J'en ai marre qu'on croit que je suis un hétéro UMP et riche. C'est tout l'inverse, toujours à se justifier même au près de ceux qui sont censés être de ton coté. Mais ce n'est pas écrit sur ma gueule. A force de se dépasser soi-même, on finit par mélanger les pinceaux, quel gâchis, tout ce travail effectué réduit à l'incompréhension.
J'ai soif de reconnaissance, fils de prolo, pédé anticapitaliste, de la classe populaire, flirtant avec les intellos et les gentils de la politique. Mais trop, je suis dangereux. Je ne sais pas m'empêcher. Sans amour, la politique n'est pas à mettre entre mes mains. J'ai conscience de ma responsabilité mais ça ne devrait pas être mon boulot, je me sacrifie pour cette société horrible. Je suis déjà un suicidé de la société. Ma décence comme celle des autres est bafouée. Le trou de la serrure pour se mater soi-même, nettoyage à l'eau Javel qui détériore notre humanité. A quoi, finalement, notre société nous sert ? Je suis malade. J'ai le sentiment qu'il est trop tard, la pulsion me gouverne trop, l'alcool calme ça. L'ordinateur, la télé, les livres aussi sont autant de déconnexions à l'autre, je suis sorti de la mythomanie ordinaire et j'ose me plaindre de mes frustrations alors que j'ai suivi ce que je voulais faire. La sensibilité innée ? L'acquise ? L'intelligence ? N'y foutez plus les pieds, la rhétorique postmoderne fera le ménage dans votre tête, l'eau iodée vous conservera plus longtemps. Ne vivez pas tristes. Ne cherchez plus un zénith, une quintessence comme on dit. Envoyez chier tout ça. Le laisser aller vous payera mieux.
Je ne fais plus partie du monde, je suis voué comme mes camarades à la disparition. Le socialisme colmatera pour l'humain, la révolution verte s'occupera de l'adaptation aux radiations. Le capitalisme durera longtemps parce qu'il est la solution anti-humaine. Je n'aime pas ces éclairs de pseudo lucidité, je n'arrive pas à prendre des précautions. Je suis là symboliquement comme le soldat qui part au front de la guerre d'Espagne en 36. Je ne crois pas que je suis à coté des mes pompes , c'est l'inverse. Erreur volontaire. Cour circuit interne, c'est aussi ça l'amour, entropie décalquée. Échec et mat.