Mercredi 12 Novembre
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Les gros diamants 2.

 

 

BLING BLING ; c'est une expression qui s'est développée avec l'avènement de Nicolas Sarkozy, Sarkozy le plus américain des français. Cette expression désigne l'étalement du luxe: Sortons alors nos Rolex (2 500 euros sur un poignet), nos écharpes Burberry (250/300 euros autour du cou), notre paire de Ray Ban (ou de Dior ou de Chanel), le dernier iphone, sans oublier le sac Louis Vuitton. On peut être sûr que l'industrie du luxe a encore de beaux jours devant elle. Cocorico, voilà un secteur qui sera épargné par la crise, le nouvel honneur de la France est sauvé. La nouvelle droite n'a cessé depuis le sacre Sarkozien de cultiver avec soin son image de marque(s de luxe). On s'affiche sans complexe au Fouquet's, et quand il s'agit de payer l'addition, on arbore fièrement son porte-monnaie qui dégueule de billets verts voire roses. Pour Bling-Bling, l'expression nous vient (devinez où) des États-Unis. Bling-Bling concernait les rappeurs - je cite wikipédia, "issu du jargon Hip-Hop et désigne les bijoux et l'accoutrement de certains rappeurs, mais aussi le style ostentatoire et excessif de leur mode de vie". Aux États-Unis, on l'a vu, l'étalement des richesses montre la réussite, mais surtout le fait qu'on est un bon citoyen, un bon croyant (relire texte précédent). Il y a une signification derrière tout ça ; en l'occurrence pour les rappeurs, montrer sa richesse de manière ostensible dans les clips revient à montrer à cette Amérique républicaine et souvent allergique à toute forme de changement que l'on peut aussi réussir par d'autres voies... Cela revient à dire que l'Amérique défendue par les rappeurs (et il y a derrière eux le visage d'une américaine métissée, pluriculturelle etc) a une valeur. Le Bling-Bling du Hip-Hop veut évacuer le mépris des rappeurs par l'Amérique Républicaine. La symbolique du Bling-Bling appellant à une reconnaissance de leur art et de la dimension politique qui va avec.

Le Bling-Bling perd tout son sens lorsqu'il arrive en France, les symboliques ne sont pas les mêmes. Le luxe en Amérique a une signification précise qui désigne une réussite et surtout une mission divine d'aide à l'autre (ce qu'on pourrait appeler ici en France une grosse charité désintéressée). Cette notion n'a pas traversé l'Atlantique. Ainsi, le Bling-Bling se résume à une décomplexion totale de l'argent. Sans sa contre partie qui était celle du don aux "States", l'étalement du luxe a alors encore moins de raisons d'être moral.

La fameuse rupture de Sarkozy par rapport à Chirac est là (et c'est peut-être la seule, car Sarkozy est dans la continuité même de la politique menée par Chirac, c'est son successeur désigné). Là où Chirac se montrait discret sur ses biens, Sarkozy démonte ce tabou. L'homme politique montrait, au temps de Chirac, une certaine austérité, il n'allait pas acheter une Ferrari et n'allait pas au Ritz (avec sa Ferrari) de peur d'avoir un papier dans la semaine qui suit dans le Canard Enchaîné. Maintenant c'est affaire courante. En souvenir sur cette histoire, Valérie Giscard D'Estaing, petit noble merdique sorti de la cuisse du Massif Central et ses airs de petit-bourgeois, on connaît l'amour de VGE pour les diamants et les grands châteaux pourris, sans parler de sa bonté pour le petit peuple. Sarkozy l'a bien compris, adieu l'austérité de Chirac, adieu la noblesse maladroite et poussiéreuse de Giscard, donnons du pain et des jeux. Créons une saga du Fouquet's ; il faut être "jet set" (mot désué), avoir l'air d'un aventurier, donner des paillettes, donnons envie aux autres de boire du champagne tous les jours. Faisons du spectacle, donnons de quoi manger à Paris Match, VSD ou Closer, pour le plus grand bonheur de ma grand mère, ou aux patients des salles d'attente. Le nerveux ne voyage plus entre la grande dalle d'Argenteuil et les quartiers chauds de Marseille, mais entre New York, les Pyramides du Caire, et Neuilly ; changement de lieu, changement d'image, le nerveux devient superman.

Pourtant, le Bling-Bling a ses limites. La droite décomplexée assume désormais sa part de vice, dans son délire, elle a réussi à se réapproprier ses vraies valeurs qu'elle cachait tant. On n'a plus honte de tout justifier, en disant que tout est normal, même les choses les plus inacceptables et en plus avec insolence (même en matière de Xénophobie - Racisme - Vichy - Colonialisme - Sécurité - Ordre Familial - Place de la Femme - Religion - Homophobie - Marchandisation - (...) Pas besoin de vous dresser un tableau). La droite devient schizophrène et semble prendre plaisir à nous cultiver les paradoxes, d'un coté nous prônons la liberté (au sens libéral) de l'individu, mais nous prônons également la "protection", c'est à dire la répression "nécessaire", de la liberté de l'individu. Ainsi tout devient défendable. On pourrait se mettre tout nu dans la rue, ce serait une liberté. Mais à l'inverse, on peut également défendre l'autre opinion, il faut protéger l'individu, on parlera de nuisance et de tolérance "zéro". De cette manière, tout est possible. D'un coté invoquer la liberté de circulation comme un droit fondamental et de l'autre coté expulser des étrangers et filtrer les frontières.

Ce qui peut rassurer c'est que suite au rabaissement du niveau du débat politique (qui va de paire également avec l'appauvrissement de la culture), la situation devient beaucoup plus limpide. La droite ne manipule plus de manière implicite, elle jouit, elle se découvre et prend des risques, il n'est plus difficile de se révolter parce que la droite incarne ouvertement des valeurs de merde (basée sur l'exploitation et la répression) de retrouver où est la plus grande imposture. Il devient de plus en plus facile de voir quels sont nos intérêts. Mais prudence, la droite a plus d'un visage, et si actuellement elle est vulgaire, il y en a d'autres qui sont plus subtiles qui n'en restent pas moins inquiétantes... C'est déjà en cours...


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