-Vendredi 06 Février-

POST-MODERNITÉ

 

Nous y sommes, la post-modernité a cet atout majeur qui est de rendre réalité à tout ce quoi elle touche. Par exemple, l'idée de croire que l'Homme fait naturellement le mal, ou bien que l'Homme ne croit plus en la politique. Parce que c'est notre époque, et que nous sommes tous touchés par cette nouvelle ère, l'opinion commune, parce que les événements le prouve, tant à croire que c'est vrai. Le pire c'est qu'elle le croit comme étant un trait de la nature humaine, là ou il y avait simplement une idée reçue. Et comme tout le monde y croit, on reproduit le même schéma (en se disant, c'est comme ça, on ne peut rien y faire), et comme tout le monde reproduit ces schémas, les événements auxquels ils ont donné vie, leur donne raison.

La Post-Modernité, c'est un jeu de dominos. Il suffit de faire tomber le premier domino pour que, par suite logique, dans sa rhétorique, tout s'écroule. Tout s'est écroulé à commencer par les discours et la raison. Nous vivons sur rien, le passé est défait(e), l'avenir est voué déjà, par projection des événements selon l'idée -nouvellement vraie- de la nature humaine, à l'échec. Et c'est un tunnel dont je ne vois pas le bout. Comme nous n'avons plus confiance aux discours, et que nous nous détournons de la raison, notre époque est marquée par l'absence des philosophes et des autres cerveaux. C'est, je crois, la première fois que l'Homme se laisse face à lui même avec l'impossibilité de se libérer : il est plongé dans l'irrationnel. Ses actions sont en fait des réactions au monde et à ses agressions permanentes par la société libéralisée.

Cette société libéralisée ne sort pas de nulle-part. Jean François Lyotard définit les débuts de cette ère au début des années 70. Mai 68, le voilà. Il faut reconnaître que à l'échelle du siècle que ses conséquences ne sont pas ses objectifs et qu'elles n'ont fait que nous asservir un peu plus là où nous voulions nous libérer. L'échec de Mai 68 est comparable à celui de la révolution française. Là où nous avions abattu la noblesse et la couronne, les bourgeois prenaient place et installaient la société capitaliste. Comme pour 68, là où nous abattions une chape de béton (les "repères" : État, Famille, Église) entraient aujourd'hui la société de marché et la libéralisation.

Disons le, Mai 68 fut une belle révolte mais son héritage est extrêmement décevant. L'Homme libre prôné s'est vu enfermé dans un centre commercial avec un chariot dans les mains et une télévision sous les yeux. De la "jouissance sans entrave de l'individu" nous sommes passés à la "jouissance sans entrave de la société de marché". Et avec tout ce que ça implique : L'homme perd son autonomie intellectuelle, il est désormais mutilé, soumis, par ses sentiments inconscients maintenant, à ce que la société de marché lui envoie. C'est un cœur sur lequel on a attaché un pince-maker, on lui envoie un signal électrique, boum, il réagit.

Il est alors, comme le veut cette nouvelle époque : un ambassadeur de toutes les absurdités, le "n'importe quoi" est devenu légitime grâce à la revendication détournée du droit à être absolument soi-même ; il est obsédé par lui même (narcissisme, insouciance, euphorie) tout le monde dans son coin devient génial et prophétique (méfiez vous des gens qui vous trouvent géniaux), l'obsession devient "la bonne gestion et la recherche de son bien être" (sous entendu matériel). L'homme n'est plus un animal social, il est un animal économique... Et ses rapports sont tronqués.

Dans son être, il se balance sans cesse entre Absurde et Gravité. La posture grave tend à faire de lui un pessimiste absolu, il ne croit plus aux utopies et encore moins à l'homme, ni à l'avenir, il se condamne à errer dans la platitude totale. L'absurde au contraire tend à faire n'importe quoi, du moment que je suis beau et que je bouge dans tout les sens, et il se complaît devant le miroir. En tout cas, peu importe la posture, sa vie amoureuse s'effondre, et sa vie sexuelle s'effrite. Pourtant, il existe des solutions : Amour, Espoir, Lutte...
Et pour ça il suffit simplement de lever la tête vers l'autre.

 

 

<<< ... >>>