Lundi 2 Février.

Dispositif démonstratif
de (re)mise en confiance


Voilà l'astuce, prenez n'importe quoi. Tiens par exemple, voyez mon cousin. Bon j'en ai trois, ça importe peu, prenez n'importe lequel. Description : Mon cousin vit en Corrèze, dans un village qui s'appelle Servière-le-Château, au dessus des nuages et d'Argentat. Il vit dans une maison typique du coin, un peu comme dans les films de Raymond Depardon ('La vie moderne'), sauf que l'intérieur a été rénové tout de même parce que le mec de ma tante travaille dans le bâtiment. Sinon je le vois une ou deux fois par ans. Rien d'extraordinaire.

Si j'étais mal dans ma peau un jour, que je devais être bête et méchant et que je devais être convaincu que je vis beaucoup mieux qu'un tas d'autres personnes, il me suffirait d'être de mauvaise foi et de faire appel à quelqu'un qui me dirait que je suis très beau. Alors sous un voile de amidonné en noir, on me dira... "Mais enfin l'ami, arrête de dire n'importe quoi. Regarde ton cousin, regarde le bien (en montrant du doigt), vois-tu il a les pieds dans la bouse toute la journée. Ahhh mon dieu regarde comment qu'il parle ; c'est quoi cette mode de mettre des "ingue" à toutes les fins de mots ? Et en plus il ne dit pas parking mais Parquinge. Estime toi chanceux de ne pas être un de ces bouseux de paysans ratés. T'es pas un raté toi quand même ?"

Moi ou n'importe qui d'autre : _Euh... non... Je crois pas être un raté."
(En effet personne ne se dit qu'il est un raté publiquement, sauf s'il s'appelle Michel Houellebecq.)
On : _Mais je t'assure regarde le lui là, à quel point il est bizarre, il est pas comme nous, en plus vu comment il n'est pas civilisé, il doit être dangereux. Mon dieu, que sa façon de vivre et étrange, si ça se trouve il égorge les moutons vivants et une fois mort il les dépeusse et peut-être même qu'il leur coupe les couilles pour les offrir à sa mère, tout ça pour la fête du mouton. Quelle barbarie !"
Moi ou Nimp : _C'est vrai, ça fait un peu peur."

Et c'est sur ce principe là que les communistes mangent des enfants, que les handicapés mentaux sont des violeurs, que les gens du voyage sont des voleurs, que les africains sont des africains, que les jeunes sont des alcooliques, que les banlieusards sont des violeurs aussi (mais dans les caves), que les homosexuels sont des zoophiles, que les femmes sont des êtres qu'il faille mieux séquestrer dans la cuisine, surtout les blondes, (et surtout on a peur parce qu'on ne sait pas de quoi elles sont capables en dehors des cuisines, imaginez si on leur confie une voiture !), que les curés sont des témoins de Jéhovah... etc

Mais aussi dans le sens inverse, et là c'est inquiétant, lorsqu'on glorifie quelqu'un, il faut se méfier. Ainsi le personnage "Moi ou N'importe qui d'autre" sera convaincu qu'il vaut plus que les autres. En détournant l'attention vers quelque chose de scandaleux on en oublie l'objet de départ qui était le mal être dans sa peau. Ce détournement d'attention vise à attiser la haine vers quelque chose de différent et vise par là a accepter sa condition. "Je suis tellement beau par rapport à !". Et les bourgeois peuvent dormir tranquillement car ce n'est pas eux qu'on déteste puisqu'ils ont trouvé "une autre tête de turc".

Tiens c'est bizarre, on idole un Noir d'un pays lointain, "Yes, we can"... Mais pour détourner l'attention de quoi ? Au fait, les noirs en France ça se passe comment ? Et puis croire en un superprésident, homme providentiel qui vient sauver le monde, je sais pas mais ça me rappelle quelque chose de plus proche, pas vous ? Et puis tiens j'apprends qu'une équipe de campagne Américaine est venu en France voir comment se passait en 2007 l'élection de ... Et en parlant de lui, il faisait quoi dans l'ombre pendant que le petit peuple se passionnait pour une élection qui avait lieue à plus de cinq milles kilomètres de là ? Remarquez il était méchant Mac Cain quand même, sans doute il violait les poules du Texas.

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