M E R - 18 - N O V

T.O.U.R.C.
O.I.N.G

 


Lorsqu'on sort du métro, la première chose sur laquelle on butait, c'était la différence d'heure entre les trois pendules sur lesquels on tombait "nez à clochers". Les deux de l'église Saint Christophe avaient cinq minutes de décalage, un autre pendule sur la tour de la chambre de commerce qui donne face à l'église indiquait une heure improbable, du 10h30 vers 14h00. Lorsqu'on peut traverser la place devant l'église, on est toujours épaté de voir des gens qui ne sont plus sobres vers 9h30. Étrange, il n'y a pas à ma connaissance de boîte de nuit à Tourcoing, et il ne me semble pas qu'il y ait des bistrots ou des supérettes ouverts la nuit.

A Tourcoing Centre en sortant du métro et en faisant trente mètres, il n'est pas rare d'avoir sous les pieds de la boue. C'est une ville de cent mille habitants environ et qui manque profondément d'urbanité. Ce qui frappe c'est la différence de température entre Lille ou Croix et puis la ville de Tourcoing. On sent le froid de la campagne, les brumes matinales, le brouillard qui endort la ville dans une voile de soie épais. Les piétons sont agressés par le vent devant Saint Christophe, ce n'est pas un vent amical, on sent qu'il vient de traverser toute la campagne nordiste et qu'il vient se cogner directement sur Tourcoing.

Tourcoing-les-vents a des aberrations architecturales, il y a une place de 150 mètres de long environ qui touche deux autres places. Une place nommée Grand Place qui fait peut être 50 mètres de long, et autre autre place qui était un parking et qui est aujourd'hui un carrefour de stations pour Bus. De l'autre coté, il y avait aussi une place "place du Docteur Roux" sur laquelle trône aujourd'hui encore six grues pour construire "l'espace Saint Christophe", un Auchan avec une Galerie Marchande, en espérant que lorsque le chantier sera finit la vie reviendra à Tourcoing. Le nom de l'espace est également celui de l'église, il ne fallait pas chercher loin. On voit le transfert de pouvoir, le pouvoir religieux est dominé par le pouvoir commercial. Derrière la place du Docteur Roux, au dessus du chantier, il y a trois grandes barres d'appartements. Elles ont l'air confortables, mais elles massacrent encore plus le peu de cohérence des alentours. Ces barres sont dans le genre des années 70, elles rappellent Mons-En-Baroeul. Si on y ajoute sur une photo : les grues, les terrains vagues, le chaos architectural et la démesure de ses places, vous aurez; touristes en moins; une photo de Berlin. D'ailleurs, j'apprend que Tourcoing a un Jumelage avec Berlin.

Ce qui me démange beaucoup c'est de raser cette église qui est en diagonale par rapport à tout le centre-ville. Elle n'est pas droite par rapport aux axes qui l'entourent, elle n'est pas droite par rapport aux places qui essayent de rattraper le coup, cette église laisse un vide énorme impossible à combler. Elle perturbe trop.

Sur l'axe reliant les deux places secondaires, vous verrez la "Voix du Nord" avec un petit Dôme, comme pour imiter la rue Faidherbe de Lille -splendeur en moins-, ce sont des rideaux couleur brouillard de soie et non des stores aux fenêtres, on imagine facilement des bureaux vétustes. A coté le Café du Centre, trois étages, une enseigne Jupiler au 2ème, deux enseignes Stella Artois au 1er. Ce qui fait rire c'est que lorsqu'on se déplace et qu'on n'est plus en face du 'Café du Centre', on voit le coté des étages, ils ont l'air de faire deux mètres de large, comme des décors de cinéma, on a l'impression que les deux étages supérieurs sont des couloirs empilés. Le café du Centre est fermé depuis l'année dernière et des filets de protections sont placés pour réceptionner d'éventuelles briques qui s'échapperaient de la façade. Il y a aussi un "Mutant Assurance", "Café de Paris", "Frita-Pitta", un Stella Artois "Pub, le p'tit quinquin", une "Ambassade Fram", un Stella Artois "Dauphin brasserie", une "Banque Populaire", puis un Jupiler "Le Bailly". Je me souviens, il y avait un MacDonald quand j'étais petit : C'est actuellement un magasin de vêtements pour enfant.
Il faut se poser sérieusement des questions lorsqu'un MacDo quitte un centre-ville d'une ville de 92 357 habitants.

J'essayerai bientôt d'aller prendre des photos à Tourcoing, je sais déjà que je me perdrai car toutes les rues se ressemblent, je risque d'atterrir dans un des quartiers chauds. Malgré toute la volonté de la mairie de désenclaver la ville. Tourcoing se présente comme un immense réservoir de maisons, les photos se ressembleront toutes. Le centre-ville (situé en fait au sud de la ville) ne communique pas avec ses quartiers, si bien qu'on a l'impression de pénétrer dans un océan de maisons flamandes lorsqu'on s'y aventure. Il y a aussi ces cicatrices, usines abandonnées ou détruites. En fait Tourcoing serait comparable à une ville du futur, si l'Europe s'appauvrit face aux autres continents, si les crises économiques nous achèvent, si les délinquants séniles et juvéniles nous envahissent. On pourrait imaginer Tourcoing demain comme on imagine aujourd'hui Volgograd.

 


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