M A R - 1ER - D E C

E.L.D.O.R.A.D.O

Si vous allez à Ronchin pour aller jusqu'à Lesquin, vous emprunterez l'avenue du Général Leclerc. Eldorado vous tendra les bras, dans les limites de ses horaires d'ouverture. Eldorado n'est jamais loin d'une nationale, ou d'une départementale. Je suis tenté à chaque fois d'aller faire un tour.

Eldorado reçoit beaucoup de voyageurs, on l'imagine loin, sans voisins, au bord d'un champs de Maïs. Quelque tables d'or Ice Tea en plastique avec des parasols Duvel. Le sol est précaire, poussière et petits cailloux. La musique
Paris, Texas de Ry Cooder dans la tête. Une vieille voiture large planquée pas loin sous une bâche dans un hangar rouillé. Les voyageurs se garent sur le parking, ils s'y garent droit par habitude alors qu'on sait très bien que le parking ne sera jamais complet, on pourrait se garer "comme un américain" (cf: entourage > c'est à dire se garer n'importe comment). Eldorado a peut être été Espagnol puis Américain, il est peut être Français maintenant. Il retombe en petite pépites ici ou là.

Eldorado est rassurant, sur le bord de la route, voyageur par correspondance, il t'attend. La vie ici peut exister ; Mais la présence même d'Eldorado montre que la vie ici n'est pas possible, il y a toujours un ailleurs qui vous happe. C'est un lieu sale car l'espace est surabondant, on peut toujours laisser pourrir quelque chose pendant des années, il y aura toujours de la place pour en mettre ailleurs. Eldorado vit dans l'abondance et l'infinité. Les lignes droites, au dessus les nuages qui s'impriment sur les champs, le flux des cumulus est infini, ils s'étendent de manière constante. Les caravanes, les voitures, les transports de marchandises passeront toujours. Les pylônes électriques resteront impassibles.

Les champs autours répondent au cycle de la nature, au cours des saisons. Eldorado ne dépend d'aucun cours, même les chassés-croisés des touristes pendant l'été n'y font rien. C'est toujours le même été comme hiver. Eldorado en ne suivant qu'un seul cours, celui du flux constant des véhicules, s'inscrit dans l'intemporalité, et donc par sa permanence, il s'ancre dans le domaine du sacré. Eldorado est une chapelle de l'abondance, à ceci près qu'on n'y vient pas prier l'or mais les frites.

Si vous vous arrêtez dans ces endroits (je conseille la RN20 Étampes > Vierzon), vous partagerez un moment d'exception banale, vous partagerez la vie intemporelle d'Eldorado.


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