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F I E R . D ' E T R E . F R A N C A I S . !
J'ai laissé couler assez de temps avant d'avoir mon mot à dire sur ce débat sur l'identité nationale. Je n'aime pas réagir à chaud sur de l'actualité. Je préfère avoir le recul du temps pour en parler. Cette image provient du film "Le vieil homme et l'enfant" de Claude Berri. Je vous conseille vivement le film, surtout en ayant en tête cette idée d'identité nationale.
Je ne peux qu'avoir honte d'être français devant de telles méthodes. La question seule, pour vous, qu'est ce qu'être français ? me fait tomber des nues. Je veux dire que je ne dirai jamais que j'ai honte d'être français car je ne peux pas concevoir cet étant français. Cet étant français lorsqu'il est simplement suggéré me donne le vertige de la connerie et ce manque de discernement que je trouve impardonnable appelle à une réponse : j'ai honte d'être français si cette question est posée. Puisqu'on veut m'imposer cette identité que je n'ai pas choisie, cette mention "nationalité française" lorsqu'elle veut devenir effective, lorsqu'elle me déclare que je suis d'identité française et qu'en tant que tel je dois être français, je ne peux qu'avoir honte par ces méthodes de cette bannière qui flotte au dessus de moi alors que je ne l'ai pas choisie.
Comme disait Brassens dans la chanson "la ballade des gens qui sont nés quelque part" et le titre est important : Pour ces gens "C'est pas un lieu commun celui de leur naissance". Car l'identité dans leur jargon c'est avant tout une question de naissance, je suis né en France alors je suis français, je ne suis pas né en France, je suis alors un étranger. Ça ne tient qu'à ça !
Le concept d'identité nationale est un concept piège, c'est un concept vide de sens, du vent. On peut y mettre n'importe quoi. La question posée est fausse, c'est une question qui n'a pas à se poser. On ne ressent pas son identité nationale, on ne peut pas se sentir français. C'est une invention, le patriotisme et le nationalisme ne sont que des fabrications personnelles qui sont en fait en réaction à l'étranger. Le territoire, la culture, la langue, les institutions d'un pays devraient faire part du même "amour" que pour d'autres pays. Il n'y a pas de sous-cultures, et par conséquent il n'y aura pas de sur-cultures. Par leur différence les cultures sont équivalentes, émettre un jugement de valeur entre les cultures : c'est de la xénophobie ou de l'ignorance des autres cultures.
On peut tous être attaché au territoire auquel on est né, à nos racines. Mais le territoire français par exemple est immense, peut-on se revendiquer d'un pays tout entier, clamer son amour pour son pays ? Il y en a même qui choisissent : Je suis du Nord, je n'aime pas les gens du Pas-de-Calais, pourtant contre un Bourguignon je serai fier d'être du Nord-Pas-de-Calais, et contre un Roumain, fier d'être français, et contre un chinois, fier d'être européen. En inscrivant les citoyens de ce pays contre une autre catégorie de gens, on fait de la cohésion nationale, on rassemble les citoyens contre un ennemi, une sorte d'union sacrée qui dépasse tout les clivages possibles entre ces citoyens. Les français ne feront qu'un seul bloc. Et c'est une diversion, pour nous détourner d'une opposition plus "naturelle" entre les classes.
Être Français ne se pense pas.
Il y aurait une identité nationale, donc un comportement de Français à avoir, une pensée du Français, des habitudes de Français. Il y a alors dans ce cas, des bons et des mauvais français. Ça en fait du monde à exclure. Tous ceux qui n'aiment pas leur pays (aimez la France, ou quittez-la !), tous ceux qui ne boivent pas du vin et qui achètent du pain, tous ceux qui ne sont pas de l'héritage judéo-chrétien... Ah ! On met le doigt sur quelque chose. Judéo-chrétien, ça fait que les Musulmans français ne sont pas des bons français ? Il me semble pourtant que dans l'histoire de ce pays qui est, semble-t-il amnésique, le territoire de la France s'étendait sur une grande partie de l'Afrique, non ?
Et le président de cette même France, abject et consciemment maladroit, qui fait une tribune dans Le Monde, qui met dans le même discours "héritage judéo-chrétien" et l'affaire des minarets en Suisse (référendum pour l'interdiction de la construction de minarets en Suisse) ajoutez-y un soupçon de Burka (appelé voile intégrale), si ce n'est pas une tentative de stigmatisation ça... La méthode Suisse et la méthode Française sont assez proches, dans les deux cas, on fait appel au peuple. Une manière de se déculpabiliser, une manière de faire marcher la démocratie assez étrange. Populations manipulées > Le tollé provoqué par le port de la Burka (alors que le problème ne concerne qu'environ 2500 femmes), mettre autant de lumière là dessus n'est pas innocent. Je ne dis pas que le problème n'est pas important, mais un acharnement politique et médiatique n'est pas nécessaire. Le populisme de ces questions, sous couleur de "démocratie directe", efface quelque chose de très important : le principe fondamental.Et nos principes existent, ils ont été fondés à la Révolution française. La cinquième république de ce pays est héritière de la Révolution de 1789. Non seulement la présence même de ce débat est contre les valeurs de la Révolution mais en plus, en voulant donner une nouvelle définition à cet héritage, il l'oublie. Éric Cantonna a bien raison, même si sa remarque peut paraître anecdotique, de dire "être français, c'est être révolutionnaire". Et dans ces valeurs, on trouve une charte fondamentale des droits de l'homme, on y trouve aussi qu'une vraie démocratie repose sur des citoyens bien informés, on y trouve aussi quelque chose comme appartenir à une nation, c'est partager un destin commun.