V E N - 1 9 - M A R

 

AVANTAGE DANS LA P.-M.

 

Le 11 Septembre 2001 a été la manifestation la plus claire de l'effondrement des grands discours, un signal envoyé au monde entier. L'expérience dont nous avons tous été témoins ne fut pas orchestré par les créateurs de discours. Les médias en plein cœur, au centre d'une des villes les plus filmées au monde, furent touchés pendant quelques heures d'apoplexie. L'acte terroriste, sciemment planifié de manière à ce que les caméras fussent prises en otage, profitait de l'effet de surprise et de choc de l'appareil médiatique tout entier. Les chaînes de télévision diffusaient quelque chose qu'elles ne contrôlaient pas > impossible pour elles de passer outre cette information capitale. Elles furent obligées de retransmettre en direct ce qu'elles pouvaient filmer de l'évènement. L'importance du son (des cris des habitants aux sirènes des secours), l'incompréhension et la panique générale fit tout à coup taire les commentateurs des éditions spéciales. La télévision toute entière muette venait de se faire instrumentaliser. Elle dû, impuissante, diffuser à son insu un discours qui n'était pas le sien. Elle retransmit en direct ce jour là sa faiblesse.

Oui, la télévision devient faible, elle devient secondaire dans les foyers, elle a subit énormément de changements. Tout d'abord le passage d'une chaîne à six chaînes, apparition de la télécommande, invention du magnétoscope puis des lecteurs DVD, puis la multiplication des chaînes. Viennent ensuite les coups de grâce, l'invention d'internet et l'explosion de la téléphonie mobile, un autre média est aujourd'hui plus facile à consulter. La télévision a détrôné la presse papier et la radio. Internet s'occupe de faire la même chose avec la télévision. Seulement, internet n'est pas n'importe quel média. C'est un média où tout le monde peut avoir une audience. C'est à dire une multitude de discours possibles [petits discours].

Ainsi, une victoire d'internet sur la télévision, fut le "Non" au référendum sur la constitution Européenne en 2005. La télévision, créatrice de discours, prenait clairement parti pour le "Oui". Tandis que sur internet, des centaines de milliers de voix prenaient parti pour le "Non". Le "Oui" fut mis en échec. La population avait su se coordonner autrement que par la télévision. Il n'y avait pourtant aucun grand discours formulé sur internet. Des individus isolés avaient voté selon leur sensibilité, selon ce qu'ils avaient lu sur les sites et les blog. Ils se réunissaient sur une même idée. Ils se libéraient des grands discours diffusés par la télévision car les internautes sont à la fois les lecteurs et les rédacteurs de petits discours > Ce qui est fondamentalement différent avec la télévision : Les émetteurs et les récepteurs ne sont pas les mêmes personnes, un discours est alors imposé par les émetteurs aux récepteurs.

On pourrait imaginer la post-modernité comme divisée en deux parties aux limites floues. Il y aurait d'un coté par exemple, les "TF1" et de l'autre les "Che Guevara". Les "TF1" auraient développé ce que TF1 leur demandait c'est à dire : Devenir nous-même et faire n'importe quoi du moment que ça ressemble à quelque chose de subversif.
Les "Che Guevara" eux, mettent l'accent sur un autre genre de média, ils ont aussi accès à des dispositifs qui permettent le choix dans les informations qu'ils regardent. Ils se fabriquent eux-mêmes et apprennent à développer leur propre [petit] discours.




Les "TF1" ne sont pas subversifs, au contraire, ils incarnent la vieille école, celle des grands discours (Dire Devenez vous-même à une assistance, c'est une forme de grand discours). Néanmoins la télévision a du s'adapter pour garder son audience. Ils ont prétendu vouloir supprimer purement et simplement toute forme de grands discours. Ils ont en fait développé un nouveau discours : un discours anti-discours. La télévision apprend alors à ses spectateurs à être opportunistes dans l'immédiateté et dans l'incohérence. La télévision abrutit ses spectateurs, mais ils apprennent toutes sortes de figures de rhétorique visant à délégitimer toute idée exprimée de manière à ce qu'aucun [petit] discours émerge. Cela dit les "TF1" par leur opportunisme peuvent pencher du coté de ceux qui ont un [petit] discours. Ils ne seront jamais d'accord avec l'intégralité d'un discours, mais sur tel ou tel point, on aura leur soutient, sans pour autant comprendre pourquoi.

En fait, nous sommes tous temporairement liés pour telle ou telle idée/chose. [Schéma n°1]. Les deux réponses à la post-modernité, opportunisme et lutte, peuvent se cumuler. Je peux alors lutter contre TF1 et être moi-même "TF1" en même temps. La légitimité des grands discours ayant volé en éclat, nous sommes dans une immense bataille des opinions publiques, par lobby et pressions populaires, visant à redéfinir totalement chaque idée reçue, chaque affirmation, et aussi chaque négation. Nous sommes en train de tout refondre, nous rediscutons sur tout. Il y a donc de l'espoir.

 

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