S A M.. 2.3 . J U N


BRUGES / BRUGGE


Si un jour vous mettez les pieds à Bruges, car après tout, je vous le conseille. Vous serez peut être averti de ce qui arrivera dans votre ville si tant elle possède un charme quelconque -ou qu'elle possède une périphérie avec beaucoup d'habitants- qui peut allécher les grandes multinationales en désir de créer un maillage sur le territoire, que ce soit rentable ou pas. Il s'y joue bien plus qu'une simple implantation commerciale.

Lorsqu'on arrive à Bruges on voit au loin les points culminants de la ville, c'est à dire : beffroi, églises et cathédrale. Les toits et les façades sont un régal pour l'oeil. On entre dans une ville qui incarne aux yeux d'un américain -Mr Montgomery en l'occurrence-, le cliché de la vieille Europe. Des nationalités se côtoient (entre touristes européens), les rues sont étroites, l'architecture gothique domine, le poids de l'histoire est palpable. L'UNESCO a eu raison d'ajouter cette ville à sa prestigieuse liste.

La ville a été classée en 2000, douze ans plus tard, on peut être satisfait, il semble qu'une bonne partie des façades ait été rénovée. Mais que penser de ce qu'il y a à l'intérieur des maisons de Bruges ? Des boutiques de chocolats et de bières, boutiques de souvenirs et de décoration par dizaines : c'est normal dirons-nous, ce sont des spécialités locales. Ajoutez à ce joyeux folklore de grandes chaînes telles qu'on peut les trouver partout au monde, Zara, H&M, C&A, Célio, Pizza Hut, Quick, Pimkie, Yves Rocher, Swarovsky et la liste peut être encore plus longue.

Quel fut mon dégout lorsque nous nous mîmes en quête d'une friterie bon marché : il n'y en a pas. Nous mangeâmes sur la grand place de Bruges, une barquette de frites dans un établissement nommé "friterie 1900" qui vend ses frites surgelées aussi chères qu'en France et qui fait payer ses sauces (à ce propos, je vous conseille de vous balader avec votre propre sauce lorsque vous allez au restaurant, bouteille de ketchup dans le sac à main).

Voici un Disneyland datant du XVème siècle. Ici on vend le "typique artificiel". Vous avez la possibilité de manger une pizza texane chez Pizza Hut dans un cadre authentique chargé d'histoire et de tradition. Vous n'y trouverez pas de Brugeois, la ville semble s'être vidée de ses habitants qui vivent désormais au delà du "trou noir" touristique. Vous serez en sécurité, des caméras de "Vidéo-protection" équipent les monuments. Etrangement, vous ne croiserez pas de noirs, ni d'arabes, ni de clochards. Voici une ville vidée puis aseptisée pour le plus grand bonheur des hordes de retraités gâteux en mal d'exotisme.

On ne saurait dire ci c'est du fascisme ou du capitalisme. En tout cas à Bruges on a réussi un joli mélange entre tradition et mondialisation. Au fond ce qui compte, c'est pour les entreprises s'associer à l'histoire humaine, venir s'inscrire dans la pierre dans des sites protégés. Elles réécrivent l'histoire en cessant definitivement le cosmopolisme de Bruges, elles dégagent et nettoies les populations indésirable. Les multinationales rythment la vie de l'homme capitaliste, elles balisent son trajet et l'accompagnent partout. Jamais (une partie de) la communauté des hommes n'a été autant rassemblée, le mot "Big Mac" est compris partout dans toutes les langues, "Big Mac" fait parti des premiers balbutiements de la langue universelle. Jadis les religions rythmaient la vie au son des prières, des clochers et des fêtes, le capitalisme les a supplantées dans la domination cultuelle, le capitalisme ici recrée le mythe de la tour de Babel, l'humanité (presque) toute entière parle la même langue autour d'une accumulation infinie.

 


 

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