Renverser le mythe de la puissance de l'homme et du père.

(Vendredi 07 Mars)

 

J'ai appris hier, et cette fois ci ce n'est pas un de ces sales ragots qu'on colporte entre évier et latrines, que cette journée (ce vendredi ci) était symboliquement la journée de la femme. Le reproche peut être facile, "Quel scandale la journée de la femme c'est une façon d'admettre tout en faisant des efforts symboliques donc dérisoires que la femme est un peu plus asservie par les hommes (...) Cette journée ne devrait pas exister (etc.) ça devrait être la journée de la femme tout les jours bla-bla-bla.". Il est vrai que le débat peut être passionnant, mais, vous me connaissez un peu ou un peu plus et vous savez que ce n'est pas dans mon habitude de faire des articles sur des sujets où tout le monde a déjà les arguments, où on arrive tous à la même conclusion qu'on soit ardent féministe ou sympathisant féministe ou bien anti-ardent féministe.

Je suis assez méfiant avec les féministes, je trouve qu'il y a énormément de dérives possibles. Ce mouvement doit se poser les bonnes questions et apporter à la société les bonnes réponses sous formes de revendications. Pour quel féminisme devons-nous opter ? La première idée qui me vient en tête est de conseiller d'avoir de l'agressivité non pas aveuglement contre les hommes, ni les non-partisannes, mais bien contre les machistes. Il me semble que le rapprochement se fait trop rapidement entre les hommes et les machistes. Les machistes sont tous des hommes, mais tous les hommes ne sont pas machistes. Je demande à ne plus être pris pour cible, cet amalgame n'a que pour conséquence l'effondrement de la crédibilisation des féministes, ce que je ne leur souhaite pas.

Les revendications des féministes modérées demandent une égalité et une parité parfaite. Il faut absolument que ce concept d'ouverture de l'égalité hommes-hommes à égalité hommes-femmes soit déterminé. Le plus grand danger pour la condition féminine est là, il faut réclamer dans un premier temps une égalité de droit, mais ce processus d'égalisation ne doit pas mener à une "masculinisation" de la femme. La société pousse la femme à devenir homme, elle doit assimiler et développer les valeurs des hommes. D'ailleurs ce sont des valeurs qui ne sont que fictives, elles existent dans l'inconscient collectif. Par exemple, il est scandaleux de dire que les hommes ont le monopole de la bagarre pendant que les femmes ont le monopole des fleurs roses.

Dans cet océan de clichés, il vaut mieux pour la femme d'imposer des valeurs qui ne soient pas celles des hommes tout en refusant d'en avoir le monopole. Avoir le monopole de certaines valeurs et refuser d'accepter que d'autres puissent les avoir aussi, c'est reproduire l'inégalité infligée aux femmes par les hommes à d'autres. La femme n'est pas égale à l'homme. N'y voyez pas une insulte, mais je déclare qu'elle n'est pas comparable à l'homme, une femme n'est pas un homme en ce sens, bien qu'elle appartienne à la race humaine, la femme est différente de l'homme tout comme l'homme est différent de la femme. On peut comparer un homme fort à un homme gros, un homme maigre à un homme petit, il n'y a pas de problème puisqu'ils sont des hommes mâles, ils sont regroupés dans la même catégorie. Les hommes et femmes représentent deux catégories, ainsi en sport, les disciplines sont divisées selon le sexe, mettre un homme contre une femme est déloyal.

La société surtout en France ayant beaucoup de mal à évoluer comme prise dans un immobilisme technocratique, ce fut à la femme de s'adapter à la société à devenir homme. La femme jouant à l'échelle de l'homme a pu être considérée comme un homme, un homme étranger à l'homme mâle. C'est pourquoi, les hommes originels se moquent de cet homme qui ne leur ressemble pas, comme s'il avait des antennes et trois yeux et qu'il était de couleur verte. Ce jugement de la femme en tant qu'homme la rabaisse, voilà (peut être par exemple) pourquoi la femme n'a pas le même niveau de salaire dans les entreprises par rapport aux hommes.

Ce terrible conservatisme est transmis par le père. C'est le père qui établit une autorité, qui impose la répartition des rôles. Ce père qui croit avoir de droit presque divin le pouvoir sur ses proches, distribue les cartes ; il prépare le fils à être un battant, il remet à la mère l'éducation domestique de la fille, la fille et la mère doivent être soumises tout en assurant les tâches ménagères. On préparera le fils à de grandes études, ou à un métier qui fera vivre son futur foyer. Ce phénomène se reproduira chez le fils lorsqu'il deviendra père. C'est la société patriarcale. La société est prisonnière par des archétypes puissants qui empêche toute évolution. Or le climat économique changeant la société doit suivre, on parlera de "libération de la femme par le travail". Même si la révolution de la femme s'est opérée dans le lieu de production économique, elle peine beaucoup plus à échapper aux lois du père tout puissant.

Il faut faire voler en éclat la société fondatrice du conservatisme qui asservit inconsciemment les populations. Nous sommes rongés par un idéal du modèle type, un modèle vu comme majoritaire et rendu presque invulnérable par l'Homme et le Père. La pression de ce modèle est tel que nous sommes tentés de s'en approcher le plus possible. Ce modèle d'homme parfait selon la société est le suivant ; " Homme masculin, actif (travailleur), père, blanc, âgé de 30-40 ans, type européen, vivant en ville, hétérosexuel, marié, en bonne santé, parlant une langue standard etc...". Cette dictature de l'homme parfait, un homme qui présente tout les avantages vantés par la société, parait comme extrêmement banal. Pourtant, même si nous avons tous un ou deux points communs avec cet homme que nous voudrons tous être, il n'en est pas néanmoins la majorité des citoyens. Cet homme n'existe pas en tant que majorité, c'est une majorité immobile, un archétype qui nous gouverne. La société est formée en réalité de minorités qu'elle ignore. Ce qui est intéressant, c'est que nos minorités sont des minorités en devenir face à ce colosse de fumée. La société patriarcale est comme un Léviathan, un Léviathan devant lequel on se prosterne encore aujourd'hui car la vraie peur serait d'aller vers une autre société qui avancerait une autre éthique et d'autres valeurs encore inconnues.

 

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