Photo certes à l'envers, mais erronée (cet homme ne peut être debout dehors)
Tabula Rasa 2 :

Je finissais le ménage dans le salon. Tout le mobilier était en place, je l'espérais temporairement, sur le plafond. Je m'occuperai de la cuisine et des autres pièces pour plus tard. J'éteignais mon radio-réveil. Et je regardais par la fenêtre. Tout était à l'envers, les oiseaux volaient à l'endroit, les ailes vers le sol, ils semblaient rechercher quelque chose.

Je me demandais aussi s'il y avait encore quelques tuiles sur mon toit. Puis je me rendis compte que ce que je pensais était une vraie connerie. Je n'aurai plus besoin de tuiles, puisqu'il ne peut plus pleuvoir. Ou s'il pleut, ce n'est plus dans ce sens là. Je m'imaginais alors que la terre perdrait toute l'eau de sa surface : à la place des océans, des trous béants ; à la place des rivières, des cayons ; sur les pics, les neiges d'antant laisseraient simplement de la roche. Les champs seraient alors inutilisables puisque nous ne pourrons plus les irriguer. Il faut s'attendre à des pénuries dans les prochains jours. Heureusement, je suis prévoyant, j'ai tout un stock de boîtes de cassoulet, de quoi tenir quelques mois. Le dimanche, je vends des conserves au marché, je les achète sur internet et je les revent le double. Je pense que la pénurie ne sera pas si importante que ça, étant donné qu'il y a maintenant beaucoup moins de monde sur terre. En quelque sorte, je suis chanceux. Cela dit, il a du y avoir beaucoup de disparus, je me demande ce qu'est devenue Alice. Alice est une collègue qui vit dans le quartier, j'avoue que j'ai un faible pour elle. Elle est jolie, gentille. Mais, j'ai appris avec le temps à ne plus trop faire attention à ces sentiments là.

Peut être, il y aurait moyen de ... Après tout, c'est vrai, c'est la fin du monde... Enfin ça y ressemble un peu. Puisque nous allons tous mourir dans les prochains jours, pourquoi ne pas réaliser à tout prix nos dernières volontés. J'en profiterai pour réaliser mon fantasme. J'allais dans le garage. Dieu soit loué, ma voiture est presque intacte. Ma Twingo s'est retournée dans le bon sens. L'insigne de mon commerce de cassoulet, de forme ronde a fait basculé la voiture sur le coté. Je la poussais pour mettre les quatre roues sur le sol. BONG... Peut être servira-t-elle encore ? on ne sait jamais. L'être humain a d'énorme facultés d'adaptation... Même si le monde est à l'envers, nous nous adaptons. Voilà pourquoi je doute de la fin de notre ère. On ne sait pas, peut-être que nous construirons plus tard des autoroutes à l'envers. J'arrêtais de rêver, j'ouvrai mon coffre. Je prenais des cordes bien solides, un harnais, ainsi qu'un arc et des flèches. Je retournais au salon j'écoutai une dernière fois les informations avant de partir :

"Les présidents de l'OTAN encore vivants se sont accordés pour envoyer une fusée en orbite pour voir ce qu'il se passe dans le ciel. La fusée vient d'être lâchée dans l'espace, elle a à son bord le capitaine bla-bla [...] Nous venons d'apprendre que l'air est respirable en orbite. L'air est respirable ! Nous vous répétons que vous ne devez en aucun cas sortir de chez vous, écoutez attentivement les informations, ne sortez en aucun cas de chez vous. Si vous sortez vous mourrez, attendez les secours." La fusée qui fut lâchée avec un plein d'essence put refaire route sur terre contre la gravité, mais elle s'écrasa contre le sol à l'arrivée faute de piste d'atterrissage appropriée. Gâchant le dernier recours pour sauver quelques humains car c'était la dernière fusée sauvée du retournement gravitationnel. Finalement les Russes ont envoyé leur missile nucléaire. Aucun effet. De plus, une autre observation a été faite dans l'espace : Il y aurait de grosses bulles d'eau de mer qui se baladent en orbite. Le gouvernement a pris contact avec un de ses sous-marins en orbite en espace. Il y aurait des survivants qui nagent dans l'espace.

Restons sur terre. Je m'attelais à réfléchir longuement à la méthode que j'utiliserai pour aller chez la petite Alice. Je surpris stupéfait mon voisin qui criait partout autour de lui sur le rebord de sa fenêtre. "Au secours... au secours... je suis là" et je lui répondais aussitôt "Occupe toi d'autres choses, tu crois sérieusement que quelqu'un va venir pour toi ? Allons René, vous êtes prof de maths, vous savez réfléchir mieux que ça, non ?". Il me regardait bouche bée, il semblait ne pas avoir compris, il ne disait plus rien, et il me regardait faire. Je lançais ma première flèche attachée à la corde. Je m'accrochais à un abri bus. Je me balançais tel un superman truqué, un ange Caravagien. Ce qui est impressionnant, c'est que tout est vraiment au dessus. Sous mes pieds il y avait seulement les nuages. Ensuite, je volais de poteaux électriques, aux parcmètres, aux rambardes des balcons... Le Tarzan urbain, c'était moi. Je croisais de temps en temps quelques personnes qui avaient chacune leur technique pour se déplacer, certains eurent l'excellente idée de passer par les égouts, d'autres avaient une technique plus longue. Des gros moustachus armés de massues cassaient les murs et allaient de maisons en maisons dans le faubourg. Ils avaient des gros sacs dans lesquels ils stockaient les aliments trouvés.

Les hommes reprenaient peu à peu leur état naturel, ils cherchaient de la nourriture à longueur de journée. Pour l'instant, tout va bien, la nourriture est encore comestible, mais passé un mois, ce sera plus difficile. Heureusement chez moi, il n'y a pas de mur mitoyen. Je continuais ma route jusqu'à l'appartement d'Alice. J'étais excité. Je sonnais. La porte était ouverte... Personne.

Je la savais encore vivante car une bonne partie de son mobilier était remi à l'endroit. Je pénétrais dans la cuisine de l'appartement, j'ouvrai le frigo, je pris un gros sac de randonnée dans sa chambre, je remplissais le sac puis je rentrai chez moi, cette fois-ci par les égouts. Moralité de cette sortie : Si on part du principe qu'on va tous mourir dans peu de temps, tout le monde voudra en même temps réaliser ses dernières volontés, donc au lieu d'aller voir chez les autres qui sont sans doute en sortie car eux aussi cherchent des autres pour concrétiser les dernières volontés, restez chez vous et attendez que quelqu'un vienne. Alice était sûrement partie voir Dominique le postier mignon, mais Dominique était fiancé à une Michèle qui était sans doute partie voir sa mère qui elle même devait être évidement absente parce qu'elle allait sûrement voir quelqu'un d'autre. Donc, je me précipitais chez moi, puis je m'assois sur mon fauteuil... et j'attends quelqu'un ; la visite d'une admiratrice inconnue, ou peut être encore : Alice dont je serai le second recourt au cas ou son Dominique n'était pas là.

Ce qui était sur c'est que j'étais maintenant plongé dans la plus grande incertitude. Je ne savais plus quoi faire. Le monde était à l'envers, je ne pouvais pas sortir par exemple pour faire les magasins, j'en serai capable, mais il faut une certain temps d'adaptation. Je trouve que je me suis déjà très bien adapté aujourd'hui, j'ai été plus rapide que l'évolution cette fois, ce n'était pas le cas de tout le monde comme René qui ne s'était pas remis du retournement et qui maintenant menaçait de sauter dans le vide si on ne l'aidait pas, il était vraiment pathétique surtout qu'il avait le vertige et qu'il n'oserait jamais sauter car il a beaucoup trop peur du vide. Et puis cette histoire de scénario anticipé selon lequel personne ne serait chez soi ne tient pas debout, il faut aussi rajouter les disparus, les morts qui n'aurait pas survécus à une chute mortelle lors du fatal retournement, mais il faut ajouter tout ceux qui ont eu la même idée géniale que moi, qui est de rester chez soi et d'attendre quelqu'un. On peut aussi mettre ceux qui respectent les règles de sécurité. Enfin, la chance qu'Alice vienne était très faible. Son Dominique était sûrement mort dans l'espace à l'heure qu'il est car il était en tournée. Vraiment, je n'aurais pas du rentrer chez moi, j'aurai plutôt du attendre le retour d'Alice chez elle. Enfin... je trouvais de quoi m'occuper et je passais le balais.

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