M
E R .0 1. D E C
>INCANTATION<
"Les dieux existent : c'est le diable. J'aimais la vie ; elle me déteste
;
j'en meurs. Je ne vous conseille pas d'imiter mes rêves. La mort
y corne des cartes, y jette du linge sale, y couvre les murs de
signatures illisibles, de dessins dégoûtants. Le lendemain,
je suis le personnage à clef d'une histoire étonnante qui se passe
au ciel."
Jean Cocteau.
Si l'on m'avait dit, à la même date, l'année dernière, que j'allais avoir une vie telle que je l'ai actuellement, je ne saurai pas cru moi-même. Si avec une Delorean, je me trouvais à mes 16 ans, j'aurai fuis cet immonde personnage que je suis devenu. Je crois avoir affronté pleins de démons, d'idées reçues et de craintes.
Oh que la naïveté est pure, mais qu'elle est dangereuse !
J'ai testé Dimanche dernier un sauna gay, l'expérience valait le coup. J'ai un ex et pleins d'amants -je vis comme ça-. Je n'aime pas l'expression "libéralisme sexuel" mais je joue sans le vouloir le jeu de l'amour à outrance. Je vampirise, je me nourris de l'énergie des autres pour survivre à un Amour qui me passe mal. Eux aussi se nourrissent de moi pour régler leurs frustrations. C'est un échange de misères par le sexe le soir et par la tendresse le matin.
J'ai pris récemment conscience de ma puissance sexuelle ; elle s'empare de ma naïveté, de mes rêves et de mon désir. Le sexe Raz-Le-Bol... [ La chaire est faible parait-il ]
J'avais peur -avant- de finir comme le pire des stéréotypes homos. Habillé de paillettes dans une boîte de nuit, me travestir et chanter avec un boa rose autour du cou. Finalement, c'est une pensée d'hétéro conformiste qui a peur d'être "rétrogradé" au rang de folle de la nuit, épilé de force dont le corps appartient à tout le monde. "Qu'ils aient tous le sida, ils le méritent, de toute façon ils n'avaient qu'à pas être tous cocus. Tromper c'est mal, moi je ne comprends que le couple et ne partage pas."
Depuis tout ce temps, ma vie a changé, mon romantisme existe encore : il s'est teinté de magie noire. Il n'y a pas de fatalité, il y a des totems et des mythes qui m'habitent. DEUS EX MACHINA. Et même, une machine infernale. On n'y échappe pas. A la place de la folle en boa des fonds des boîtes, je suis devenu un dandy décadent au fond des cafés, une espèce de Jean Cocteau mondain, je suis assis confortablement et je matte ces gens comme un vieux libidineux : voici des architectes, des journalistes, des artistes, des gens de la mode, des gens militants et même un ostéopathe à qui j'aurai pu briser le cur à tout moment (s'il n'était pas prévenu), mais pour lui, c'est son problème, c'est sa mythologie à lui.
Nous sommes tous condamnés.
Nous avons tous des vies dramatiques, elles le sont parce que nous vivons et voulons vivre. Je multiplie les conquêtes pour dissoudre mon amour sur plusieurs mecs. Je leur donne mon corps, ils me donnent leur joie de vivre et leur tendresse. Je dis souvent : "Je fais aux autres ce que j'aimerai qu'on me fasse". Je donne tout mon amour à un funambule, il le garde et ne me le rend pas. Je vais alors chercher ailleurs la tendresse dont je suis privé. C'est ma façon de survivre.
C'est un potlatch de plus, celui ci, un potlatch du sexe. Voilà les affreux totems et les voleurs de sexe d'Afrique de l'Ouest. Il faut tout cramer. J'ai cramé le compte en banque en Juin/Juillet, j'ai cramé la tête en Août/Septembre. [...] Le principe par exemple : Il me reste 30€ sur mon compte en banque (comme c'est arrivé), je ne chercherai pas à l'économiser, je les retirerai d'un seul coup, vivre comme un grand le temps d'un soir que je ne regretterai pas. Tant pis pour demain, je sais que je suis déjà dans la merde, pourquoi faire tarder la chute, allons tout de suite en bas !
L'avantage d'en bas, c'est qu'on peut toujours monter.
Malheur à celui qui n'invoque pas les esprits. Celui qu'aucune magie ne gouverne, celui là est voué à une vie ennuyeuse et fatigante, malheur à celui qui se contente de "c'est comme ça" et de "c'est la vie". Malheur à celui qui renonce et qui ne tente pas le diable pour déplacer une ou deux montagnes de temps en temps. Il faut forcer le destin de temps en temps, et comme pour les tours de magie, il y a toujours un truc derrière.